Assurance-vie : près de 5 milliards d’euros de décollecte au 1er semestre

Les foyers français ont massivement épargné via le Livret A sur les 6 premiers mois de l’année. La crise du Covid-19 a renforcé leur comportement traditionnellement prudent en les incitant à puiser dans leurs assurances-vie.

Un quatrième mois consécutif de décollecte

Depuis le mois de mars, les Français se détournent progressivement de l’assurance-vie. La décollecte mensuelle moyenne a atteint 2 milliards d’euros ces derniers mois, du jamais vu depuis 2011. Le secteur a essuyé en juin un 4ème mois consécutif de sorties nettes d’épargne, portant à environ 5 milliards d’euros le montant de la décollecte enregistré depuis le début de l’année.

Autres chiffres révélés par la fédération : les sociétés d’assurance ont collecté 54 milliards d’euros de cotisations au cours du 1er semestre 2020, contre 74 milliards d’euros sur la même période en 2019.

Fermeture des agences et des points de vente

Le marché de l’assurance-vie a souffert de la crise sanitaire à plusieurs niveaux. D’abord, pour freiner la propagation du virus, la plupart des agences bancaires ont fermé leurs portes pendant le confinement compliquant la souscription d’un contrat d’assurance-vie. En effet, ce mode d’adhésion et les versements en ligne ne sont pas encore totalement ancrés dans les habitudes des Français.

Constitution d’une épargne de précaution

La crise du coronavirus a engendré des craintes et un flou économique. Résultat : les Français se sont largement tournés vers l’épargne de précaution. D’après l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), 75 milliards d’euros ont été épargnés durant les 16 semaines qui ont suivi le confinement. Les épargnants ont privilégié le Livret A et le LDDS, des produits qui ont atteint des niveaux records au 1er semestre malgré leur faible rendement : 26,13 milliards d’euros de dépôts, dont plus de 20 milliards d’euros sur le Livret A.

La Fédération française de l’assurance estime qu’il s’agit d’une « mauvaise nouvelle » pour l’économie. « Tous les milliards qui sortent, corrélativement, ce sont des milliards qui ne sont pas investis dans les entreprises », déclare Florence Lustman, présidente de la FFA.

Un retour progressif à la normale

Les chiffres montrent que le mois de juin pourrait marquer un ralentissement de la décollecte. Effectivement, la collecte brute de juin s’est établie à 9,9 milliards d’euros, contre 6,4 milliards d’euros en avril et 5,7 milliards d’euros en mai. À titre de comparaison, en juin 2019, la collecte brute avait atteint 12,2 milliards d’euros.

Les assureurs peuvent se rassurer sur un autre point : la bonne tenue des unités de compte. Alors que lors des crises économiques précédentes, les Français s’étaient détournés des supports à risque faisant chuter lourdement la collecte des unités de compte, cette fois, leur comportement est différent. La collecte en unités de compte est restée stable représentant 35 % de la collecte en juin.