Les banques peuvent-elles faire face au risque de crédit lié à la crise du Covid-19 ?

La crise sanitaire actuelle entraînera une augmentation des pertes sur les crédits accordés par les banques. Dans ce contexte, les acteurs bancaires disposent-ils de ressources suffisamment importantes pour supporter des revenus en baisse voire même des pertes sèches si la situation s’aggrave ? Éléments de réponses.

Des pertes potentielles colossales pour les banques

Avec le confinement de nombreux pays européens, l’activité économique se retrouve sous pression. Selon les informations disponibles au 23 avril 2020, dans l’Hexagone, l’activité serait en baisse de 35 % par rapport à une situation normale, a précisé l’INSEE. La crise sanitaire a un impact majeur sur le secteur bancaire fragilisé par le non-remboursement des crédits et la chute des marchés financiers.

Les établissements de taille moyenne tels que le CIC ou les caisses régionales des banques mutualistes sont directement impactés par les défauts de remboursement. Les grands groupes comme BNP Paribas ou Société Générale restent particulièrement exposés aux pertes sur les marchés financiers de par leurs activités de banque de financement et d’investissement (BFI). Les banques européennes pourraient voir leurs résultats nets cumulés diminuer de 34 milliards de dollars durant les trois prochaines années à cause de la pandémie de coronavirus, soit une baisse de 7 % de leurs bénéfices sur cette période, selon les chiffres de Goldman Sachs.

Des mesures d’accompagnement proposées par le gouvernement

Pour préserver le secteur bancaire, la Banque centrale européenne a annoncé un plan de soutien. Le 12 mars, l’institution a fait savoir qu’elle allait débloquer 120 milliards d’euros pour relancer le crédit. Toutefois, cette mesure n’a pas eu les effets escomptés sur les marchés financiers qui ont continué à dévisser. La BCE a donc renforcé son plan d’urgence en ajoutant une enveloppe de 750 milliards d’euros supplémentaires. Ce plan prévoit aussi d’accorder aux banques commerciales des opérations de financement de long terme afin de les inciter à continuer de prêter aux ménages et aux entreprises. Plusieurs spécialistes estiment ces mesures nécessaires, mais insuffisantes et plaident pour une distribution directe d’argent aux demandeurs sans passer par les banques ou pour un effort budgétaire très important de la part des États.

Parallèlement, le gouvernement a mis en place un dispositif de prêt garanti par l’État (PGE). Son lancement permet à toutes les entreprises françaises de faire face à des besoins de trésorerie dans des circonstances difficiles. L’État peut, grâce à ces crédits, financer jusqu’à 300 milliards d’euros, soit l’équivalent de 15 % du produit intérieur brut français.

Malgré les difficultés qu’elles rencontrent, les banques sont « dans une situation solide », selon le gouverneur de la Banque de France. Ces acteurs disposent d’un montant de fonds propres cumulé considérable par rapport à la crise de 2008. Au regard des plans de soutien proposés et de leur situation de liquidité favorable, ils devraient donc être en mesure de faire face la crise financière engendrée par la pandémie de Covid-19.