La croissance annuelle française en berne en 2020

Alors que la France est entrée en confinement depuis 15 jours à cause de l’épidémie du Covid-19, l’Insee prévoit que son prolongement de deux semaines ferait baisser la croissance annuelle française de plusieurs points de PIB.

L’impact économique évident du Covid-19

L’épidémie de coronavirus impacte fortement l’économie française. D’après l’Insee, l’activité est aujourd’hui à 65 % environ de la normale. Les pertes les plus importantes sont actuellement dans les secteurs de l’industrie hors agroalimentaire (environ -52 % d’activité), les services marchands (-36 %) et la construction (-89 %). Les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire connaissent également un recul de -4 % d’activité par rapport à leur activité en temps normal.

Une consommation en berne

En parallèle de cette crise sanitaire sans précédent, la consommation des ménages français s’est écroulée. Celle-ci devrait atteindre près de -35 %. Si l’agroalimentaire parvient à sortir un peu la tête de l’eau grâce aux achats massifs des premières semaines des Français confinés (une moyenne de +6 % par rapport à l’activité normale), d’autres secteurs sont en train d’être lourdement impactés : l’habillement, le textile, le matériel de transport ont tous fermé leurs magasins. Les dépenses pour ces postes ont été réduites de 90 voire 100 %.

Le confinement coûte des points de PIB

Selon l’économiste Daniel Cohen, la politique budgétaire française est bien conçue, elle devrait pouvoir compenser l’annonce de la perte de 3 points du PIB par mois de confinement. Cette prédiction sera multipliée par deux si la durée du confinement est prolongée d’un mois supplémentaire. Plus le temps de confinement est long, plus les perspectives de croissance s’avèrent limitées. Cette diminution du PIB, marquée par une forte chute de la consommation, devrait réduire significativement les prévisions de croissance pour l’année 2020.

Le climat des affaires en baisse

L'indicateur du climat du secteur des affaires connaît sa plus forte baisse depuis 40 ans puisqu’il perd 10 points en mars, soit une chute plus forte que lors de la crise de 2008. Désormais, le secteur des affaires affiche une note de 95 points en mars, loin des 105 points de février. Dans le secteur des services, la chute de l’indicateur est de 14 points, correspondant à son niveau de mars 2015. Pour le commerce de gros, la perte est de 4 points tandis qu’elle est de -13 points pour le commerce de détail. Dans son sillage, le climat de l’emploi recule de 9 points, constituant sa plus forte baisse depuis sa création.

Quelles perspectives pour la croissance en 2020 ?

Selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, la crise sanitaire et économique que nous connaissons est comparable à l’effondrement économique de 1929. Même si l’État prévoit d’injecter 45 milliards pour répondre à la crise, cela restera « un point de départ ». Le chiffre réel de la croissance française devrait être négatif en 2020, mais positif en 2021 selon le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, précisant que donner des chiffres pour l’année 2020 a peu de sens actuellement. Les chiffres dépendront de la durée de la crise sanitaire dans un premier temps et ensuite de notre capacité à repartir de l’avant.