Les Fintech françaises ont levé 354 millions d'euros en 6 mois

Au cours du 1er semestre 2019, les startups de la finance françaises ont levé 354 millions d'euros à travers 39 opérations, contre 370 millions d'euros sur l'ensemble de l'année 2018. Ces chiffres publiés par le cabinet KPMG montrent l'engouement des investisseurs pour les jeunes pousses.

Selon le rapport rendu public par le cabinet d'audit et de conseil, KMPG, le 19 juin dernier, 39 opérations de levées de fonds ont été enregistrées au 1er semestre 2019. Bien que le nombre d'opérations n'augmente pas de façon spectaculaire par rapport à 2018, le ticket moyen par levée de fonds a explosé pour atteindre 9,1 millions d'euros sur les 6 premiers mois de l'année.

Cinq levées de fonds supérieures à 30 millions d'euros

Cette progression de la taille des financements est également observée par le cabinet Klein Blue qui a présenté un décryptage des tendances de la Fintech en France à l'occasion d'une keynote au Fin&Tech Community. Cette étude indique que près de 1,7 milliard d'euros ont été levés depuis la naissance de l'écosystème Fintech en 2010. Comment expliquer ce nouveau record de financement pour les startups françaises ?

Cinq levées de fonds majeures ont été conclues au cours du 1er semestre 2019 :

  • Wynd, la startup parisienne spécialisée dans le « commerce unifié » : 72 millions d'euros ;
  • Younited Credit, la plateforme de crédit en ligne : 65 millions d'euros ;
  • Shift Technology, une startup spécialisée dans la détection des fraudes à l'assurance : 53 millions d'euros ;
  • Alan, l'assurance santé en ligne pour les entreprises et travailleurs indépendants : 40 millions d'euros ;
  • Lunchr, la startup qui digitalise les tickets restaurant : 30 millions d'euros.

Ces cinq levées de fonds représentent 73 % des opérations réalisées sur les 6 premiers mois de l'année. En 2018, seule la startup Ledger avait effectué un tour de table aussi conséquent, à 61 millions d'euros. Ces tours de table significatifs font augmenter le ticket moyen investi dans les Fintech qui s'établit à 9,1 millions d'euros au 1er semestre 2019, contre 5 millions d'euros au semestre précédent, précise l'étude publiée par KMPG.

Un décalage par rapport au marché britannique

Ces levées de fonds supérieures à 30 millions d'euros restent toutefois modestes par rapport à celles réalisées par les startups londoniennes. En effet, en février 2019, OakNorth a levé 440 millions de dollars avec le géant japonais SoftBank. Il s'agit de la plus grosse levée de fonds réalisée par une Fintech en Europe. La Fintech Checkout, spécialisée dans les solutions de paiement en ligne, a quant à elle réalisé une levée de fonds record de 230 millions de dollars. Ce décalage sur la taille des financements s'explique par le fait que les pépites britanniques se sont créées plus tôt, à partir de 2012 pour la plupart. En revanche, un grand nombre de startups françaises comme Alan sont nées en 2016.

Pas de frein à la croissance des Assurtech

Outre ce décalage par rapport aux Fintech britanniques, l'étude Fintech Horizon montre que les investissements réalisés dans le secteur des Assurtech ne faiblissent pas. Les 120 Assurtech recensées ont levé 107 millions d'euros au cours des 5 premiers mois de l'année contre 70 millions d'euros sur l'année 2018. Deux entreprises se démarquent particulièrement : Alan qui propose une complémentaire santé pour les indépendants et les entreprises du digital, et Shift Technology, une intelligence artificielle anti-fraude au service des assureurs. D'autres Assurtech comme Luko qui compte désormais 10 000 clients, Wilov et ses 5 000 utilisateurs ou encore Leocare commencent à se faire connaître.

Parallèlement aux activités de paiement et de financement ainsi qu'à l'Assurtech qui concentrent respectivement 54 % et 13 % des fonds levés par le secteur, la Blockchain (5 %) et la Regtech (4 %) progressent plus lentement, souligne le cabinet KPMG.

La croissance des levées de fonds dans le secteur des Fintech témoigne de la maturité de l'écosystème. Un réel renforcement du financement de ces sociétés se profile et leur permet de mieux se déployer à l'international bien que certaines, comme Younited Credit ou Shift Technology étaient déjà implantées à l'étranger. Selon Salim Echoucry, cofondateur du cabinet KMPG, d'ici la fin de l'année 2019, plus de 600 millions d'euros pourraient être investis dans ces entreprises ayant une approche disruptive de la banque, de la finance et de l'assurance.