Facebook change de stratégie pour son projet Libra

C’est un projet de monnaie numérique revu et corrigé que l’association Libra a présenté le 16 avril dernier, suite aux observations particulièrement sévères émises par les autorités financières et politiques. Malgré quelques changements, Facebook prévoit de lancer sa monnaie numérique en fin d’année.

Une monnaie à devises multiples

Après plusieurs mois de discussions, Libra, chargée de lancer la monnaie numérique de Facebook, revoit sa copie. Basée à Genève, l’association a déposé auprès des autorités suisses une demande de licence en tant que « système de paiement » pour un lancement prévu fin 2020.

Les 21 partenaires de Facebook regroupés au sein de l’organisation ont abaissé leur ambition initiale. Alors qu’elle devait être adossée à une nouvelle monnaie créée et indexée sur une réserve de devises, la libra sera finalement une monnaie à devises multiples (dollar, euro, livre sterling…).

L’association assure avoir modifié le projet originel en tenant compte des retours qui lui avaient été faits. Dans le système de paiement, plusieurs devises cohabiteront : des devises digitales basées sur l’euro ou une autre monnaie souveraine et un libra qui servira de monnaie d’échange. Le régulateur estime que chaque libraEUR étant adossé à une réserve en euros, « il n’y a pas de création monétaire ». Les utilisateurs pourront convertir les libras qu’ils reçoivent en devise locale en passant par des tiers ou des fournisseurs de services financiers. La crypto-monnaie pourra également être utilisée pour transférer de l’argent instantanément à des tarifs moins élevés que ceux actuellement pratiqués sur le marché par les banques ou Western Union.

Une sécurité renforcée

Sur les sujets de sécurité, Libra a annoncé la mise en place d’une « unité d’intelligence financière » qui sera dotée d’experts et d’outils technologiques pour détecter et bloquer les comportements frauduleux. Les protections autour de sa réserve de devises ont également été renforcées. En effet, la détention d’actifs sûrs et liquides permet d’éviter les fortes fluctuations sur les marchés. Bertrand Perez, directeur par intérim de Libra, précise que la gouvernance de chaque réserve « devra répondre à des règles définies avec le régulateur » pour permettre à chacun d’échanger des Libracoins contre une autre monnaie de façon transparente, même en cas de crise financière forte.

Un lancement prévu en fin d’année

Dans un communiqué, l’association indique vouloir lancer sa blockchain d’ici la fin de l’année. Le dépôt de sa demande de licence auprès de la Finma, le superviseur suisse, constitue une étape importante dans la mise en place de son projet.

Libra indique qu’une autre étape concrète a été franchie : les membres, qui ont versé chacun 10 millions d’euros pour intégrer le projet, ont investi pour payer les dépenses opérationnelles (employés, logiciels, infrastructures…).

Pour pouvoir avancer, Libra a donc dû revoir certains points de son projet. Reste à savoir si cette nouvelle copie sera approuvée par les régulateurs américains.