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Écriture inclusive : quelles règles ou conventions utiliser pour écrire dans un langage non genré en français ?

Supports web ou print, vidéos ou réseaux sociaux, discours ou communication publique… L’écriture inclusive fait débat et pourtant elle s’installe un peu partout. L’idée d’en finir avec la règle grammaticale voulant que le masculin l’emporte face au féminin reflète une volonté plus profonde de changer les mentalités grâce à l’écriture égalitaire. Points médians, doublets abrégés, formulations épicènes… Face à l’essor de la graphie non sexiste, il est essentiel de s’approprier les règles et conventions pour écrire dans un langage non genré en français.

Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?

Le langage inclusif est né du postulat suivant, soulignant que dans la langue française, en l’absence de noms neutres, l’usage alimente les stéréotypes en faveur du masculin. Cette pratique linguistique forge malgré elle les mentalités et agit sur la perception du monde. Par une exposition continue aux pratiques grammaticales élevant le masculin à un niveau supérieur, le français entretient les inégalités entre les sexes.

L’écriture inclusive, aussi appelée écriture égalitaire, langage non genré ou graphie non sexiste, est alors un ensemble de moyens graphiques et syntaxiques visant à restaurer une égalité de représentation des genres dans la langue française.

Quelles sont les règles pour écrire dans un langage non genré en français ?

La communication non stéréotypée regroupe différentes pratiques qui ne sont pas toutes de l’ordre de la grammaire et de la syntaxe, notamment dans le débat public :

  • L’élimination des expressions sexistes
  • La diversité des représentations
  • L’équilibre des genres sur les supports visuels
  • La présentation intégrale de l’identité des femmes à l’image de celle qui est faite des hommes
  • Le fait de ne pas attribuer les questions sur la vie domestique uniquement aux femmes

Penser de manière inclusive est donc un préalable à la rédaction non genrée. Ensuite, au niveau syntaxique, il y a plusieurs règles à connaître.

Maîtriser le point médian ou point milieu

Le point milieu sert à former des doublets abrégés. Ces formes tronquées permettent en un seul mot de conserver les deux genres par l’ajout de la finale de la forme féminine correspondante.

La terminaison diffère alors selon le mot initial et la marque du pluriel doit elle aussi être précédée d’un point médian.

Par exemple :

  • Les mots qui prennent un « e » au féminin sont les plus simples : administré·e, apprenti·e, médical·e mais leur variation au pluriel n’est pas toujours évidente comme médicaux·ales
  • Les mots finissant en « teur » au masculin varient de chanteur·euse·s à cantateur·rice·s selon la forme féminine correspondante
  • Les mots terminant en « if » avec un féminin en « ive » s’écrivent créatif·ive
  • Les mots qui prennent une double consonne au féminin donnent professionnel·le·s ou citoyen·ne·s

Pour faire apparaître le point médian, il faut composer la combinaison Alt + 0183 sur PC et Alt + Maj + F sur Mac.

Les autres procédés de rédaction neutre ou égalitaire

Certaines des pratiques linguistiques suivantes sont déjà fréquemment utilisées. Elles ont l’avantage de présenter plus de fluidité pour la lecture que le point médian ou les innovations typographiques.

  • L’utilisation de mots épicènes : ces termes qui s’écrivent de la même manière au féminin ou au masculin permettent des formulations neutres au pluriel (ex : les artistes)
  • L’emploi de termes génériques : ces mots dégenrés peuvent désigner les deux sexes à la fois (ex : le parent, le personnel, la personne...)
  • Le recours à des expressions doubles comme « toutes et tous »...
  • L’accord en genre des noms de fonction, des métiers ou des titres

L’écriture inclusive met également en avant de nouvelles pratiques grammaticales, comme l’accord de l’adjectif selon la règle de proximité dans la phrase et non plus selon le genre. Mais aussi le fait d’effectuer les énumérations par ordre alphabétique.

Attention à l’impact de la rédaction inclusive sur le référencement web et la fluidité de la lecture

De l’Académie française au ministère de l’Éducation nationale, l’écriture inclusive ne fait pas l’unanimité. Les difficultés pointées du doigt concernent alors l’application pour les dyslexiques ou encore pour les personnes malvoyantes.

De la même manière, l’INRS recommande d’éviter le recours aux innovations orthographiques ou typographiques (de type « iel » ou « celleux ») qui alourdissent la lecture.

La pratique de l’écriture non genrée relève alors d’une véritable intention. Les procédés de communication inclusive peuvent toutefois rester discrets, notamment grâce aux techniques de rédaction neutre.

À noter par ailleurs que le point médian n’est pas encore reconnu par les logiciels de traitement de texte qui considèrent les mots obtenus comme des fautes d’orthographe. Quant aux moteurs de recherche, ils ne permettent pas encore aux publications en écriture inclusive d’apparaître sur les requêtes classiques. L’utilisation du point médian devrait alors être réservée au corps de texte plutôt qu’aux endroits clés servant au référencement.